Attention : Pour des raisons compréhensibles, j’utiliserai dans cet article des noms de grandes villes pour désigner les spots.
L’exposition de la zone, un élément négligé et pourtant hyper important !
En 2020, un de mes abonnés YouTube a exploré à quatre reprises la même zone à différents moments avant de dénicher ses premières morilles. Lors de sa seconde escapade, ne trouvant rien, il m’a demandé de le conseiller…
Lorsqu’il m’a transmis la carte de la zone, il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser qu’il était là un peu trop tôt. Je l’ai donc encouragé à persévérer.
Sa ténacité a finalement été récompensée. S’il avait renoncé, il aurait manqué un spot qui, en raison de son exposition, offrait sa récolte un peu plus tard…
Pour une même variété de morilles, il peut y avoir un décalage allant jusqu’à 20 jours entre deux endroits différents quant à leur apparition.
Si la saison est brève, du fait de températures élevées, cette différence se réduit à une semaine. C’est notable. Il m’est arrivé de ne trouver les premières morilles dans certaines zones ombragées au nord que lorsque d’autres cueilleurs de ma région avaient déjà remisé leurs couteaux depuis un certain temps. Quel dommage pour eux…
Sortez vos boussoles !
L’exposition des zones est cruciale. En résumé, l’ordre de découverte des morilles suit souvent cette séquence : Sud, Ouest, Est, puis Nord.
Lors d’une prospection, on explore souvent tout le périmètre d’un spot. Si, malgré un bon pressentiment, la récolte est nulle, ne perdez pas espoir. Orientez-vous avec une boussole ou une app GPS. Si l’exposition n’est pas idéale, revenez un peu plus tard pour réessayer.
Prospecter au bon moment !
De cette analyse, il en découle un conseil fondamental pour éviter de louper un tas de places : ne prospecter pas à tout va en début de saison. Faites-le en plein milieu de celle-ci. Quand les morilles sont jolies aux expositions ouest et sud-est (exposition équivalente). Vous les retrouverez très grandes (voire toutes sèches…) au sud, belles à l’ouest et petites à l’est ainsi qu’au nord.
En somme, vous maximiserez vos chances de dénicher des spots intéressants. Gardez en tête que les morilles ne se trouvent pas partout – ce serait trop facile !
Sinon, adoptez ma méthode : pensez !
Pour étayer mes propos, voici l’analyse de la saison 2019 de trois forêts où je récolte régulièrement des morilles tout au long de la saison. Le vert illustre les zones boisées, le gris désigne les routes et le blanc, les champs.
Premier bois : Dans l’arène des morilleurs !
Nous nous trouvons ici dans une forêt non loin de Rome, un bois qui me fournit des morilles communes. J’en trouve dans les zones 1, 2 et 3. On peut clairement observer que le début de la pousse varie en fonction de l’orientation.
Le 11 avril, j’ai trouvé quatre morilles de taille respectable au coin du bois de la zone 1 à l’endroit que j’ai marqué en blanc (exposition plein sud). À droite du point (plein sud mais ombragé par le morceau de forêt) et à gauche (sud-ouest), les morilles étaient petites.
Le 17 avril, les petites morilles de la zone 1 avaient grandi. D’autres étaient apparues que j’ai laissées sur place. En zone 2 (ouest-sud-ouest), elles commençaient à émerger du sol.
Le 22 avril, j’ai récolté toutes les morilles de la zone 1. Il n’y avait plus de petites. Des morilles continuaient à pousser en zone 2 et j’ai pu en cueillir quelques-unes. En zone 3 (exposition nord-est), qui descend en pente vers la route, j’en ai trouvé quelques petites au-dessus de la côte, mais j’ai vite fait demi-tour pour ne pas tout piétiner. Rien dans le bas.
Le 25 avril, après trois belles journées ensoleillées, j’ai récolté toutes les morilles de la zone 2. Il n’y avait plus de petites. Elles étaient nombreuses en zone 3 et devenaient de plus en plus grosses à mesure que l’on remontait la pente. J’ai pu en ramasser abondamment entre la zone 2 et l’endroit où j’ai placé le chiffre 3 sur la carte. Le 1er mai, date de ma dernière sortie, elles étaient grandes mais malheureusement véreuses dans le bas de la pente de la zone 3, et il n’y avait plus rien ailleurs.
Il est à noter que certaines années, où l’on observe une sécheresse ou une chaleur excessive pendant la période de pousse, la zone 3 ne me donne rien. La fin de la saison a déjà sonné avant même que les morilles n’aient eu le temps de pousser à cet endroit. J’essaierai d’expliquer ce phénomène à l’avenir…
Deuxième bois : 30 ans et toujours la même rengaine
Nous voici sur une autre de mes places. Pas n’importe laquelle, il s’agit en fait de ma place la plus ancienne. J’ai commencé à l’arpenter il y a environ 30 ans !
Certes, les spots ont diminué, mais ce que j’ai coloré en 1, 2 et 3 donne de la même manière depuis que je suis tout gamin.
J’ai au moins 15 années d’expérience dessus. Elle donne en moyenne sur 25 jours. Je parlerai donc de J+ pour exprimer un moment.
Très tôt dans la saison (J+0), des morilles poussent en bordure de forêt (zone 1, exposée plein sud), jusqu’à deux mètres dans le champ. Elles sont minuscules et ne se développeront jamais beaucoup à cause des nuits encore fraiches.
À J+5, malgré leurs petites tailles, il est temps de cueillir les morilles de la semaine précédente. Elles sont toutes ouvertes et n’évolueront plus. Par contre, et toujours dans la zone 1, on commence à repérer de petites morilles dans les lierres en bordure de bois, mais à l’intérieur de celui-ci.
À J+10, il est temps de ramasser toutes les morilles en zone 1. Celles dans les lierres nous donneront de belles surprises. En zone 2, début de la pente exposée plein nord, on peut déjà observer des morilles de 5 cm, que nous laissons soigneusement sur place.
À J+15, il est temps de vider la zone 2. Par curiosité, on se dirige vers la zone 3, mais c’est très rarement concluant. Cette zone étant plein nord et à l’intérieur du bois en plus, elle ne reçoit pas directement le soleil.
La zone 3 ne donnera que les années chaudes, mais sans jamais dépasser les 25 degrés. En plus, il faut que l’humidité soit maintenue durant toute la période sans que ce soit inondé. Bref, des conditions rares !
Mais, quand elles sont là, c’est généralement à J+25, lorsque tout le monde a rangé son couteau, qu’on fera une dernière cueillette d’anthologie. On parle de 3 kg, sur un seul spot de 10 m² et quelques-unes à gauche et à droite.
Troisième bois : 9 kg de morilles, tu sais ce que ça fait ?
Quel plaisir de revenir du travail et de faire un petit crochet sur une place qui ne te demande que 2 h de temps ! Surtout pour y ramasser une fois 6 kg et le lendemain 3 kg. C’est le cas du 3ème endroit que je vais vous présenter.
Evidemment, je ne gagne pas à tous les coups, ça serait trop facile. Je m’explique avec les données de l’an dernier.
Les morilles ont commencé à pousser en zone 1 le 16 avril, nous nous trouvons ici dans le dessus d’une pente abrupte exposée sud-est. Elles ne sont pas grandes et d’expérience, je sais qu’elles ne grossiront pas plus, j’en ramasserai un petit 500 grammes. C’est en temps normal ce que je récolte dans ce bois !
Sauf que, comme l’an dernier, lorsque la saison se prolonge grâce à une météo favorable, il en pousse par paquet dans la zone 2, sur le plateau. L’endroit y est exposé nord-ouest. Je ferai une première récolte de 5 kg de belles morilles le 26 avril en bordure de champs et quatre kilos 5 jours plus tard un peu plus à l’intérieur du bois.
Encore ici, nous constatons l’effet de l’exposition de la zone sur la pousse des morilles.
Avec tout ça, comment dois-je m’y prendre pour prospecter un même bois ?
Lorsque je pars en exploration, en plein milieu de la saison des morilles, je m’assure évidemment avant toute chose d’être sur le bon biotope (voir l’article ici).
Ensuite, dès que je trouve un premier spot. L’enthousiasme et le bonheur me font malheureusement complètement perdre les pédales, je cours donc un peu partout dans tout le bois. Généralement, ça ne donne rien de bon.
Comme je sais par expérience qu’il est très rare de n’avoir qu’un unique spot dans un bois. C’est seulement un peu avant le début de la saison suivante que je me pose devant la carte et que je réfléchis à un plan d’action. Voici ma méthode avec un exemple concret :
Il est à noter que le bois existe réellement, je l’ai choisi de manière totalement aléatoire sur une zone de France non « Morifère ». Rien ne sert donc d’y courir.
Sur l’image de gauche, je tiens compte de la pente. Sur celle de droite, je fais comme si le bois était plat… J’espace mes recherches de 7 jours et je les commence dès que je trouve des morilles sur mes spots bien exposés.
À J+0, je prospecte la zone 1.
À J+7, je recommence la une et je balaie le numéro 2.
À j+15, si la saison est bonne et qu’elle a l’aire de se maintenir, je refais rapidement la zone 2 et je fouille la zone 3.
Ainsi, je suis sûr de ne rien avoir raté. Si le bois ne donne rien de plus que celles trouvées l’année précédente, plus besoin de perdre son temps dans le futur.
Si au contraire, j’en trouve, je n’aurai jamais à me poser la question suivante : « Et s’il y en avait plus loin dans le bois ? »
Pour en savoir plus…
N’hésitez pas consulter la vidéo que j’ai réalisée sur ce même sujet, il est possible que vous y trouviez d’autres conseils…